Le Gazier et le Gaz d'éclairage

Publié le par Jean-Claude Drion

Le « Gazier » : Personne employée dans une compagnie pour la fabrication ou l'exploitation du gaz.
Voir aussi :
Un navire servant à transporter du gaz naturel liquéfié (GNL) dans ses réservoirs mais on emploie plus souvent le terme de méthanier. Un artisan fabriquant de la gaze, étoffe claire de soie ou de fil d'or et d'argent. Celui qui nous intéresse aujourd’hui est l’Ouvrier d’une usine à gaz.

Historique de la production du gaz

À l'origine, le gaz d'éclairage désigne le gaz de houille, nommé ainsi par son inventeur William Murdoch parce que destiné à l'éclairage (gas light). L'idée de s'éclairer au moyen d'un gaz est traditionnellement attribuée à Philippe Lebon en France, et à Jan Pieter Minckelers en Hollande. Par extension le terme gaz d'éclairage renvoie à la technique permettant d'éclairer à partir d'un gaz tel que le gaz de houille, le gaz naturel, le dihydrogène, le méthane, le propane, le butane et l'acétylène.

Les Chinois ont commencé à utiliser du gaz naturel comme combustible et source d'éclairage au IVe siècle av. J.-C.. En Occident, le gaz d'éclairage succède à l'huile, aux alentours de 1800 et sera progressivement rem Les Chinois ont commencé à utiliser du gaz naturel comme combustible et source d'éclairage au IVe siècle av. J.-C.. Le forage systématique de puits pour l'extraction de la saumure au Ier siècle av. J.-C. (Dynastie Han) mena à la découverte de beaucoup de « puits à feu » au Sichuan qui produisaient du gaz naturel. Ainsi qu'il est rapporté, cela entraîna dès le IIe siècle av. J.-C., une recherche systématique de gaz naturel. La saumure et le gaz naturel étaient conduits ensemble par des tubes de bambous. Depuis les petits puits, le gaz pouvait être acheminé directement aux brûleurs ou la saumure était versée dans des cuves d'évaporation en fonte pour bouillir et produire du sel. Mais le gaz dense et âcre puisé à des profondeurs d'environ 2 000 pieds devait tout d'abord être mélangé à l'air de crainte qu'une explosion se produise. Pour remédier à cela, les Chinois conduisaient d'abord le gaz dans un grand réservoir en bois de forme conique, placé 3 m sous le niveau du sol, où un autre conduit amenait l'air. Ce qui transformait le réservoir en grand carburateur. Pour éviter les incendies à cause d'un soudain surplus de gaz, un « Tuyau repoussant le ciel » supplémentaire était utilisé comme système d’échappement.

En Europe au XVIe siècle, Paracelse et d'autres chimistes font des recherches qui amènent à la connaissance du gaz carboné: ils s'occupent d'un air inflammable, qu'ils ne peuvent recueillir, quoique le moyen en fût très-simple. Jean-Baptiste Van Helmont, en 1610, découvre d’une façon scientifique l’existence des « gaz », comme il les nomme, et en reconnaît plusieurs. Il identifie l’un d’eux, le « gaz sylvestre » (gaz carbonique) qui résulte de la combustion du charbon, ou de l’action du vinaigre sur certaines pierres, ou de la fermentation du jus de raisin. Pour Van Helmont, le gaz constitue l’ensemble des « exhalaisons » dont l’air est le réceptacle.

Dans les Transactions philosophiques, 1667, Thomas Suirley relate sa découverte que l'eau de Burning Wells (source enflammée), près de Wigan dans le Lancashire, ne produisait de la flamme que par la combustion d'un air qui se, forme dans les lits de charbon sur lesquels elle repose et non comme on le croyait, par l'inflammabilité du liquide Début XVIIIe siècle, (Statique des végétaux, tome 1er) le docteur Hales constate que le tiers à peu près du charbon de terre soumis à la distillation se transforme en gaz inflammable.

Le docteur James Clayton (Transactions Philosophiques vol. 41, année 1739) rend compte, dans une lettre adressée à Robert Boyle antérieure à 1691, d'expériences dans lesquelles, en distillant du charbon de Newcastle, il obtient une huile noire, un fluide aqueux et un gaz inflammable qu'il conserve dans des vessies afin de le brûler à volonté.

En 1766, Henry Cavendish, le premier, détermine la nature de l'hydrogène qu'il désigne sous le nom de « gaz inflammable » et qu'il produit avec du zinc, de l'acide et de l'eau. Priestley continue les études de Cavendish et c'est Antoine Lavoisier qui donne enfin au nouveau corps le nom d'hydrogène. La même année, Alessandro Volta découvre le méthane en s'intéressant au « gaz des marais » (l'ancien nom du méthane).

Le docteur Richard Watson, postérieurement évêque de Llandaff, en 1767, pousse ses expériences plus loin qu'aucun de ses prédécesseurs, et analyse les divers produits de la distillation de la houille; mais, dépourvu sans doute d'appareils convenables, vu l'état d'infériorité où sont alors les sciences mécaniques, il ne voit pas matière à révolutionner l'art de l'éclairage, et ses procédés, loin de faire concurrence au soleil, n'éclipsent « pas même la pâle lueur de la lampe philosophique

La propriété de la découverte du gaz d'éclairage, aux alentours de 1800 a fait débat à l'époque. Elle se trouve partagée entre plusieurs inventeurs :

  • le Français Philippe Lebon (qui expérimente le gaz de bois). Son Thermolampe, breveté en 1799 est un appareil destiné à l'éclairage et au chauffage à partir de gaz obtenu par distillation du bois. Le premier essai d’éclairage est réalisé à Paris ne rencontre pas d'écho favorable.
  • l'Anglais William Murdoch et l'Allemand Frédéric-Albert Winsor (inventeurs du gaz de houille en Angleterre) ainsi que le limbourgeois Jan Pieter Minckelers qui est le seul à ne lui a pas avoir donné de suites industrielles. L'initiateur principal est l'anglais W.Murdock qui met au point un procédé d'éclairage à gaz issu du gaz de Houille. L'essai concluant d'éclairage d'une usine en Cornouailles le conduit à perfectionner son idée : l'appareil est amélioré, et adopté en Grande-Bretagne (1807) puis généralisé à partir de 1815.

Il semblerait que sa fabrication et son exploitation comme éclairage avaient été réalisées bien avant à Abbaye de Culross en Écosse où l'on s'en servait dans des vases.

La majeure partie du gaz est produit par la distillation de la houille, d'où l'appellation gaz de houille

Des expériences seront également tentées, par des procédés similaires, avec des succès variables, à partir de bois (gaz de bois), de résines (gaz de résine), huiles (gaz d'huile), de schiste bitumineux (gaz portatif comprimé), de déchets de l'industrie pétrolière (gaz de pétrole), etc.. Le gaz d'huile sera exploité avec plus ou moins de succès avant d'être remplacé par le gaz de houille, plus intéressant économiquement. La lumière oxhydrique (1823) émise par un bloc de matière réfractaire porté à l'incandescence par la flamme d'un chalumeau oxhydrique (combinaison de l'oxygène et de l'hydrogène), utilisée dans les salles de spectacles à partir de 1830, sera envisagée comme source alternative au gaz de houille en 1868.

À partir de 1812, l'essor du gaz de houille comme moyen d'éclairage (et gaz de ville), à Londres d'abord, à Paris ensuite, se fit sous l'impulsion de Frédéric-Albert Winsor en 1812, Chabrol de Volvic (préfet de la Seine) expérimenta le procédé à l'hôpital Saint-Louis. L'invention se heurta dans un premier temps à la méfiance partiellement fondée des gens qui craignent qu'il soit source d'incendie, ou en Angleterre par les vendeurs d'huile de baleine qui craignent de perdre leur marché. Les premiers becs à gaz furent installés à Paris le 1er janvier 1829, dans la rue de la Paix.

En 1833, la percée décisive était due au Comte de Rambuteau (préfet de la Seine) qui décida de remplacer l'éclairage à huile par le gaz.

Le gaz d'éclairage sert par la suite de combustible pour les turbines et moteurs, pour le chauffage ainsi que la cuisson. L'appellation gaz de ville, provient du fait que le gaz de houille est essentiellement distribué dans les villes. Sur le tard, le gaz de ville contiendra en partie du gaz à l'eau enrichi et gaz à l'eau carburé, par action de l'eau sur du charbon ou du coke incandescents, du gaz à l'air.

Afin de diversifier les sources d'approvisionnement lorsque la demande se fera plus importante le gaz de houille sera mélangé à du gaz de couche (ou grisou), du gaz de pétrole liquéfié (GPL) ou du gaz de raffinerie de pétrole.

L'électricité devient la principale source d'énergie pour l'éclairage à partir de 1880. À partir de 1920 aux États-Unis, et 1960 en Europe, le gaz naturel remplace le gaz de houille, dans la plupart de ses applications

Bien que la majeure partie de l'éclairage tant public que privé soit assuré par l'électricité, il existe toujours des applications d'éclairage public à partir de gaz naturel :

- à Sarlat (en Dordogne) où à Berlin, Düsseldorf, Francfort, Mayence, Dresde, Essen en Allemagne, certains quartier de Londres et a Nottingham en Angleterre, en Pologne, aux états Unis, Hong Kong ...

Le gaz est aussi utilisé comme moyen d'éclairage dans des applications de camping (GPL), ainsi que dans certains endroits trop éloignés pour être approvisionnés en électricité.

Le Gazier et le Gaz d'éclairage

 Philippe Lebon dit d'Humbersin, né le 29 mai 1767 à Brachay (Haute-Marne) et décédé le 1er décembre 1804 à Paris, est un ingénieur et chimiste français,

Inventeur du gaz d'éclairage et, en 1801, du premier moteur à explosion. Fils d'un ancien officier royal, Lebon est d'abord élève à l'École d'Ingénieurs des Ponts et Chaussées de Paris à partir du 10 avril 1787. Il en sort major puis devient professeur de mécanique à l'École des Ponts et Chaussées de Paris.

En 1786, ses travaux le conduisent à mettre en évidence les propriétés du gaz de distillation du bois, qu'il appelle gaz hydrogène carburé ou gaz hydrogène. Il l'utilise par la suite pour l'éclairage et le chauffage, avec une première application pour l'éclairage de la ville de Paris, après avoir obtenu le 21 septembre 1799 le brevet pour sa « thermolampe » qui va révolutionner l'éclairage urbain. Il installe pour la première fois ce système dans l'hôtel de Seigneley à Paris le 11 octobre 1801. Le système se compose d'un vaste four à bois dont les gaz, produits par distillation, sont acheminés au moyen de tuyaux dans les différentes pièces de l'hôtel pour les éclairer, tandis que le chauffage de l'hôtel est assuré par la chaleur produite par le four.

William Murdoch, élève et collaborateur de James Watt, s'appuie par la suite sur les travaux de Lebon et améliore le système. Londres voit ses premières rues éclairées avec des lanternes à gaz à partir de 1807, sous l'impulsion de l'Allemand Frédéric-Albert Winsor. En 1816, la compagnie Winsor arrive à Paris où elle initie l'éclairage au gaz.

Dans ses recherches sur l'action du gaz et de la vapeur, Lebon améliore le principe de la machine à vapeur par le procédé de condensation. En 1801, Philippe Lebon dépose un brevet pour un moteur à gaz à combustion interne, mais ce moteur reste à l'état de projet et Lebon, qui décède en 1804, n'a jamais pu vraiment présenter son invention.

La mort de Lebon comporte une part de légende. Pour Louis Figuier, « Il meurt le 2 décembre assassiné de treize coups de couteau en traversant les Champs-Élysées à Paris, où il s'était rendu pour assister au sacre de Napoléon dans l'église Notre-Dame ». En fait Lebon est mort chez lui le 1er décembre 1804, il ne pouvait donc pas revenir du sacre. L'acte de décès de Paris 8e arrondissement (ancien) indique « le douze frimaire an XIII... mort la surveille » ce qui ramène au dix frimaire ; par ailleurs, l'acte de décès de la paroisse du Saint-Sacrement à Paris indique « ce jour, trois décembre mil huit cent quatre, a été présenté... décédé d'avant-hier... ». Ces deux pièces ne laissent aucun doute sur la date effective du décès le 1er. Quant à l'assassinat, la servante de Lebon, présente dans l'appartement au moment du décès, ne l'évoque nullement dans sa déposition auprès du juge de paix le samedi 10 frimaire (1er).

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/78/Ecyclopedie_Roret_Lebon_oven.png/330px-Ecyclopedie_Roret_Lebon_oven.png

La thermolampe de Lebon, dans son brevet de 1799

 

La distillation effectuée par Lebon sur le bois est réalisée à une température que l’on peut estimer (Lebon ne l’ayant jamais mesurée) à 550 – 650 °C. Compte tenu de la technique de chauffage de ses cornues, il est certain que l’homogénéité de cette température était loin d’être assurée au sein du milieu réactionnel. Lebon ne pût donc produire qu'un gaz contenant beaucoup d’impuretés.

Les expériences sur le gaz de bois sont vite abandonnées au profit du gaz de houille: les premiers appareils conçus par Frédéric-Albert Winsor ou par William Murdoch ne produisaient qu'une fumée épaisse que l'on allumait et qui prenait le nom de gaz d'éclairage (gas light).

Ces appareils consistaient en une espèce de poêle, ou fourneau portatif, dans lequel on introduisait verticalement une cornue qui se posait sur un trépied de fer battu et qui envoyait le gaz dans un condensateur divisé en trois compartiments superposés :

  • l'un supérieur contenant de l'eau
  • l'autre au milieu contenant une solution de potasse caustique, composée d'environ deux parties de potasse et de seize parties d'eau, ou d'un mélange de chaux vive et d'eau, à la consistance d'une crème très-légère

le troisième, au-dessous, restant vide pour recevoir le goudron que l'on soutirait au moyen d'un robinet, pour que le gaz se rendît ensuite dans le gazomètre, où il n'arrivait qu'après avoir traversé une multitude de petits trous formés à un coude recourbé dans l'eau de la cuve et «où, plus sa surface était divisée, mieux le gaz se lavait et se purifiait.

La transformation du charbon en gaz suscite un regain d'intérêt avec la découverte en 1926 du procédé Fischer-Tropsch (permettant de générer un carburant liquide synthétique appelé synfuel ). À l'occasion l’appellation gaz de synthèse ou syngas (abréviation de synthetic gas) fait son apparition qui englobe les gaz manufacturés ainsi que les expériences modernes pour créer des gaz synthétique (gazéification) essentiellement à partir des quatre éléments les plus répandus dans la nature : le carbone, l'oxygène, l'hydrogène et l'azote

Milieu années 1980, les hydrocarbures (gaz naturel ou coupes pétrolières) sont la source principale des gaz de synthèse. L'utilisation du charbon, devient totalement marginale. 

Usine à gaz

Une usine à gaz est une usine produisant du gaz manufacturé, ou gaz de ville, généralement à partir de charbon []et plus particulièrement de houille, le gaz de houille, mais des expériences de gaz de bois, gaz d'huile, gaz de résine, gaz de pétrole, gaz de tourbes, gaz portatif comprimé, gaz à l'eau et gaz à l'air, etc. seront aussi réalisées avec plus ou moins de succès). L'industrie du gaz a connu une forte expansion en Europe aux XIXe et XXe siècles. Des usines de taille importante font alors leur apparition dans le paysage industriel qui marqua l'imaginaire collectif. Les immenses carcasses métalliques des gazomètres nécessaires au stockage du gaz obtenu se voient alors de très loin et forment des repères incontournables dans le paysage. Ces usines ont généré de fortes pollutions industrielles, en partie liées aux résidus de la combustion du charbon L'exploitation du gaz naturel, beaucoup plus calorifique, a progressivement rendu les usines à gaz obsolètes, mais les gazomètres associés aux usines ont parfois été réutilisés pour le gaz naturel.

En France, la dernière usine à gaz, celle de Belfort, en Franche-Comté ferme en 1971.

Des vestiges industriels ont été conservés dans certaines régions mais le plus souvent les usines ont été détruites .En France à la fin du XXe siècle, une politique de réhabilitation des anciens sites fortement pollués a été menée par les pouvoirs publics et Gaz de France.

La complexité de la tuyauterie des usines à gaz était proverbiale. L'expression « usine à gaz » subsiste donc dans le langage courant comme un terme péjoratif désignant un système lourd et complexe, peu maniable et/ou peu compréhensible.

La première usine à gaz d’Accum

La première fabrique londonienne de gaz en 1814. Plan de Friedrich Accum dans A Practical Treatise on Gas Light (1815). Les appareils de distillation sont placés transversalement, directement sous la

cheminée, le gazomètre est sur la gauche. https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1c/Accum_-_Erste_Londoner_Gasanstalt_1814.jpg/330px-Accum_-_Erste_Londoner_Gasanstalt_1814.jpg

La première usine à gaz, est réalisée en 1812, par le chimiste allemand Friedrich Accum sur Curtain Road à Londres pour compte de la Gas Light and Coke Company.

En 1815, Accum publie "Description of the Process of Manufacturing Coal-Gas". Dans l'introduction, il compare les nouvelles usines de gaz avec les compagnies des eaux, qui opèrent à Londres depuis le début du XVIIIe siècle : « Grâce au gaz, il sera possible d'avoir la lumière dans toutes les pièces, comme c'est le cas actuellement pour l'eau ». Lorsque ce livre est traduit en allemand à Berlin en 1815, une note explicative doit être ajoutée, aucune compagnie des eaux n'y existant encore : « Il y a beaucoup de demeures privées en Angleterre dans lesquelles on trouve des tuyaux dans les murs, de telle manière que dans presque toutes les pièces, il suffit d'ouvrir un robinet pour avoir de l'eau. »

Au début de l'exploitation du gaz de houille, les conditions de travail dans les usines étaient épouvantables. Le procédé de fabrication étant discontinu, le déchargement du coke des cornues et le chargement de la houille avaient lieu à chaud. À sa sortie le coke s’enflammait ; il fallait l’éteindre avec des seaux d’eau. Tout y était, chaleur, poussières, vapeurs irritantes, toxiques et cancérigènes.

Dans un premier temps des usines à gaz (ou usines à cornues) sont construites pour produire le gaz de houille, la revente du coke, sous-produit de la fabrication du gaz, est suffisant à payer la houille. Dans un second temps, l'approvisionnement en gaz se fit auprès des cokeries. Le gaz était devenu un sous-produit de la fabrication du coke. Ce développement des cokeries fut favorisé par l'essor de la carbochimie à partir de 1920 et la valorisation de nouveaux sous-produits du coke : benzol, hydrogène, éthylène.[]..

Le Gazier et le Gaz d'éclairage

Une usine à gaz est constituée d'un immense bâtiment sans fenêtre, contenant un ensemble de fours continus, construit en briques réfractaires à base de silicium. Une chambre de distillation peut contenir 10 tonnes de houille. Ses parois sont parcourues par une série de canaux dans lesquels on fait circuler des gaz surchauffés provenant d'une combustion séparée du coke. C'est à 300 °C qu'apparaissent les premières vapeurs mais la température de régime donnant le meilleur rendement se situe entre 1 000 et 1 100 °C.

À mesure que la houille se distille, le coke se concentre dans le bas du four. Il est récupéré périodiquement, tandis qu'une nouvelle charge de houille vient compléter l'espace devenu libre, en haut de la chambre de distillation.

La chambre de distillation contient alors un gaz jaune vif. Ce gaz est soumis alors à une longue suite de traitements à l'issue desquels sont récupérés, le goudron et le benzène, de la naphtaline (hydrocarbure solide), l'ammoniac sous forme de sulfate d'ammonium (utilisé comme engrais), l'hydrogène sulfuré. À la sortie, il ne reste plus que le gaz .

Le Gazier et le Gaz d'éclairage
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Becs de gaz

Les premiers becs de gaz étaient de simples boutons métalliques percés d'un trou circulaire par lequel s’échappait le gaz qui enflammé produisait une flamme droite et vacillante. Les becs évoluèrent et la forme des flammes se modifia : cylindrique pour le bec d'Argan, papillon pour le bec à fente, queue de poisson pour le bec Manchester, etc.

Par la suite les becs intensifs (obtenus par juxtaposition de plusieurs bec disposés en couronne) firent leur apparition et plus particulièrement lorsque le gaz sera mis en concurrence avec l'électricité en 1880.

À partir de 1900, une augmentation de la pression du gaz permettra l'utilisation de becs renversés dont la luminosité n'est plus entravée par des parties métalliques.

À partir de 1885, l'invention du Manchon à incandescence par Carl Auer von Welsbach révolutionne l'éclairage au gaz : la flamme bleue et chaude du bec Bunsen porte à l'incandescence un manchon à base d'oxydes de thorium et de cérium

Eclairage de Nicolas Bardot

Eclairage de Nicolas Bardot

La première application du gaz de houille est l'éclairage. Les lanternes à réverbère fonctionnant à l'huile sont remplacées par des becs de gaz (ou réverbères à gaz).

Le métier d'allumeur de réverbères apparu avec l'établissement fixe des premières lanternes, aux environs de 1667 change de nature avec la conversion des réverbères (à l'huile), au gaz d'éclairage. On parle d'allumeur de gaz, profession distincte de l'allumeur de réverbère. (En 1886, les Lanciers, puis dragons sont désignés par allumeur de gaz, par allusion à leur arme, comparée au long roseau dont se servent les employés des compagnies du gaz.

[]Un allumeur de réverbères ou falotier était une personne dont le métier consistait, l'heure venue, à parcourir les rues dotées de réverbères et à les allumer qui a besoin d'une certaine dose d'adresse manuelle pour descendre chacune de ses lampes aériennes, enlever les mèches consumées, nettoyer la coquille, étaler le coton afin qu'il s'imprègne d'huile, allumer au milieu de la rue, encombrée de voitures au risque d'être écrasé par un cocher maladroit, et lancer dans l'espace un phare éblouissant. Voilà une opération compliquée, qui exige du savoir-faire et peut occuper l'intelligence ; mais quel mérite il y a à ouvrir et fermer un conduit, à soulever le couvercle d'un lampadaire et à enflammer du gaz qui ne demande qu'à brûler ?... En se consacrant au gaz, l'Allumeur de réverbères se considérera comme déchu, comme réduit à l'état de machine, comme rayé du nombre des travailleurs actifs et experts. »

Les becs de gaz sont remplacés par des becs intensifs lorsque le gaz subit la concurrence de l'électricité.

Le manchon à incandescence, invention du chimiste autrichien Carl Auer von Welsbach, une gaine de tissu incombustible imprégnée d'oxydes de terres rares et/ou thorium, dont on entoure la flamme d'un bec de gaz afin d'en accroître l'éclat, est utilisé à partir de la dernière décennie du XIXe siècle pour éclairer les rues des villes, ainsi que les phares maritimes. Arrivé avec l'éclairage électrique, le manchon à incandescence remplace les becs papillons, permet de prolonger de manière sensible le gaz comme application d'éclairage, avant qu'il ne soit remplacé par l'électricité. Par sa forte puissance lumineuse, le manchon incandescent est, aujourd'hui encore, apte à pouvoir concurrencer l'éclairage électrique.

Le remplacement de l'éclairage à huile par le gaz entre 1830 et 1870
 
               Année     Nb de becs à gaz                         Nb de becs à huile
                1831                69                                                  12 941
                1839               600                                                   5 400
                1848               8 600                                                2 608
                1852              13 733
                1870               20 766                                                 971 lanternes à huile
Le Gazier et le Gaz d'éclairage
Le Gazier et le Gaz d'éclairage

L’éclairage à travers les âges.

Antiquité: 1. Préhistoire. - 2-3. Ancienne Égypte - 4-5. Assyrie. 6-13. Rome antique. - 14-15. Carthage. - 16-17. dynastie mérovingienne. - Moyen Âge et temps modernes: 19-20. XIe siècle. - 21. XIIe siècle. - 22. XIIIe siècle. - 23-24. XIVe siècle. - 25-26-27. XVe siècle. - 28. XVIe siècle. - 29. XVIIe siècle. - 30-31. XVIIIe siècle. - Période contemporaine: 32. Lampe d'Argand originale. - 33-34. Lampe d'Argand: Les améliorations d'Antoine Quinquet. - 35. Geordie Stephenson (Lampe de mineur). - 36. Éclairage public. - 37. Lampe Davy. - 38. Lampe wick (théâtre). - 39. Lampe des chemin de fer. - 40. Lampe Carcel. - 41. Gazéification. - 42. Bec Auer (gas) lampe avec Manchon à incandescence. - 43. Gaz d'éclairage (bec de gaz normal). - 44. Gaz d'éclairage (bec de gaz) intensif. - 45. Lampe à pétrole Bec Auer . - 46. Lampe à pétrole - 47. Lampe à incandescence classique (électricité). - 48. Phare (Électricité). - 49. Lampe de mineur (électricité). - 50. Lampe à incandescence classique (électricité) éclairage public. - 51. Lampe à arc (électricité).. - 52. Lampe à acétylène (bec de gaz). - 53. Lampe à acétylène (Bicyclette). - 54. Lampe à acétylène (lampe). - Japon: 55. éclairage public. - 56. Transport (rickshaw). - 57. Lanterne de funérailles. - 58. lanterne portable

Il reste, (a ce jour en 2017),en région parisienne, un unique lampadaire au gaz dénommé Léon, situé à Malakoff (Hauts-de-Seine), en haut duquel une petite flamme brûle continuellement dans sa lanterne de verre pour le plus grand bonheur de ses passants nostalgiques...!
Pour situer Léon : http://www.scilabus.com/cartes-collaboratives/

Le Gaz de houille fut utilisé comme gaz d'éclairage jusqu'à la fin du XIXe siècle, époque à laquelle il fut détrôné par l'électricité, et plus généralement comme gaz de ville, jusqu'en 1950, époque à partir de laquelle et jusqu’à 1979 (en France) remplacé par le Gaz naturel (méthane).

 

Mais il existe d'autres types de gaz :

- le GPL (gaz associé contenu dans le pétrole) Propane ou Butane que l'on utilise principalement en cuves ou en bouteilles) et dans l'automobile

 

- la Biogaz : est produit par la fermentation de matières organiques animales ou végétales en l’absence d’oxygène. Cette fermentation, appelée aussi « méthanisation », se produit naturellement dans les marais ou spontanément dans les décharges contenant des déchets organiques, mais on peut aussi la provoquer artificiellement dans des digesteurs.

 

- le Gaz biogénique  issu de la fermentation par des bactéries de sédiments organiques. À l’instar de la tourbe, c’est un combustible fossile à cycle relativement rapide.

 

- le Gaz de schiste : gaz naturel contenu dans des roches marneuses ou argileuses (dit gaz de roches mère) riches en matières organiques), ou (gaz de réservoir compact) situé des formations peu poreuses et généralement a plus de 3500m.

Notes et références

  1. Selon « Les utilisations du charbon » , sur le site planete-energies.com, le méthane est obtenu par traitement du coke lui-même issu du charbon.
  2. Serge Paquier, Jean-Pierre Williot, L’industrie du gaz en Europe aux XIXe et XXe siècles, éditions Peter Lang
  3. André Lothe, tableau représentant une usine à gaz .
  4. Cécile Katz, Jean-Pierre Elie, Dominique Hervier, Pierre Tourneboeuf, Seine-Saint-Denis : Territoire d'usines, Creaphis éditions, 2003.
  5. Suren Erkman, Vers une écologie industrielle, éditions Charles Léopold Mayer.
  6. L'usine à gaz de Tours.
  7. Transmission de sites d'anciennes usines à gaz – Approches technique, économique et juridique , Gaz de France, 19 mars 2008.
  8. Désiré Magnier Nouveau manuel complet de l'éclairage au gaz, ou Traité élémentaire et pratique à l'usage des ingénieurs, directeurs, etc.. Librairie encyclopédique de Roret, 1849 (Livre numérique)
  9. Les opérations de distillation décrites dès le XVIIIe siècle doivent plus justement être appelées pyrolyse, craquage thermique ou Cokéfaction (en:Destructive distillation).
    Dans l'acceptation moderne, la
    pyrolyse est la décomposition d'un composé organique par la chaleur pour obtenir d'autres produits (gaz et matière) qu'il ne contenait pas. La distillation est lui un procédé de séparation constituants d'un mélange homogène dont les températures d'ébullition sont différentes.
  10. LES DÉBUTS OBSCURS DU GAZ D’ÉCLAIRAGE le site consacré à la chimie.
  11. Pour l'édition allemande, voir : Praktische Abhandlung über die Gaserleuchtung, Ausgabe Berlin o. J. (1815).
  12. L'industrie du gaz en Europe aux XIXe et XXe siècles : l'innovation entre marchés privés et collectivités publiques. Peter Lang, 2005 Livre numérique
  13. Tout l'Univers. Volume 13. Hachette/Le livre de Paris 1975
  14. L'Association MEGE

 

Publié dans Le gaz d'éclairage

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C
Bonjour, puis je vous contacter en privé ? cela concerne une demande de visuel.Merci
Répondre
J
oui pas de soucis, il faut utiliser le formulaire de contact ainsi j'aurai votre email<br /> <br /> bonne journée