Il y a 10 ans on célébrait le 300ème anniversaire de la mort de Vauban

Publié le par Jean-Claude Drion

il y a 10 ans (en 2007) on célébrait le 300ème anniversaire de la mort de Vauban

En quoi son destin est-il lié à la ville d’Ath ?

Dans le cadre du 300e anniversaire de la mort de Vauban, Ath a consacré plusieurs visites de la ville à ce grand personnage, permettant ainsi aux visiteurs de découvrir qui était l’ingénieur de Louis XIV.

Le 20 juin 1667, Ath est envahie par les armées de Louis XIV. Il confie à Sébastien Vauban la fortification de la ville. L’ingénieur se vante alors d’en faire la plus remarquable place forte d’Europe. Il modifie son architecture médiévale pour en faire une puissante forteresse.

Les circuits de visite ont permis aux curieux d’observer plusieurs objets liés à l’œuvre de Vauban, notamment une maquette de la ville, ainsi que des vestiges de ses fortifications (habituellement inaccessibles), comme le pont à la Herse et les souterrains abritant les archives communales.

Timothy Beek et Prisca Belot

Qui était donc Vauban ?

Sébastien Le Prestre, plus connu sous le nom de « Vauban », était ingénieur militaire du Roi au 17e siècle. Considéré comme le plus célèbre des ingénieurs d’Europe, il est encore admiré aujourd’hui de tous pour ses constructions. Esprit curieux et universel, il s’est intéressé aux sujets de défense du territoire, parcourant ainsi près de 108 000 km et participant à plus de 50 sièges !

Né en 1633 dans le Morvan, Vauban reçoit son brevet d’ingénieur à 22 ans. Cet architecte, spécialiste de la poliorcétique, preneur de villes et fortificateur, sait qu’aucune citadelle n’est imprenable ! Leur unique but est de gêner le plus possible l’ennemi. C’est la raison pour laquelle il réalise ses places fortes en fonction des conditions de chaque site.

Nommé en 1678 Commissaire Général des Fortifications du Royaume, il rédigea un ouvrage sur la tenue d’un siège. Vauban avait pour but de réformer l’armée en accentuant son efficacité, pour réduire les pertes humaines.

Il mourut le 30 mars 1707 à Paris, après avoir passé 53 ans de son existence au service de Louis XIV, pour qui il a construit 130 places et villes fortifiées.

Thibaut Walraevens

ingénieur de Louis XIV il a écrit un petit livre joliment intitulé :

Les Truies de Vauban

Le nom de Sébastien Le Prestre, sieur de Vauban, reste attaché à l'art des fortifications, mais l'homme a été bien plus qu'un homme de guerre et de paix, fin stratège, architecte-militaire de génie, urbaniste et ingénieur réformateur :  il fut aussi un philosophe politique engagé, un statisticien, un économiste, un agronome et une figure exceptionnelle du XVII° siècle.

Vauban2Né en 1633, à Saint-Léger-de-Foucherets, un petit village du Morvan, d'une famille peu aisée de la petite noblesse, il est élevé parmi les paysans et instruit au couvent des Carmes de Semur. Cette éducation lui vaut de rester toujours très proche du peuple et des paysans et d'être très tôt sensibilisé à la condition des humbles.

Esprit critique, certes au service du roi, mais pas soumis pour autant, l'homme a tiré ses réflexions de ses incessants déplacements dans le royaume, d'une frontière à l'autre, et de son observation aiguë des questions de son temps. Il n'hésite pas par exemple à critiquer l'expulsion des protestants hors de France lors de la révocation de l'Édit de Nantes en 1685.

Ses nombreux traités et ouvrages témoignent aussi de son intérêt pour les problèmes économiques et les dramatiques conditions d'existence des paysans (cf. le célèbre et novateur Projet d'une dîme royale publié anonymement en 1707, sans autorisation royale, et qui proposait que l'impôt soit réparti selon la richesse de chacun, sans distinction d'ordres et de privilèges).

Mais moins connu que le précédent ouvrage, son étonnant et très sérieux traité économique et arithmétique intitulé Cochonnerie, ou calcul estimatif pour connaître jusqu'où peut aller la production d'une truie pendant dix années de temps, non daté, tente de proposer une solution concrète afin de remédier à la famine et la misère des humbles.

Son raisonnement de départ, calcul théorique, s'appuie sur la remarquable fertilité de la truie pour tenter d'évaluer la capacité de reproduction d'un animal sur une période de dix années. Sachant qu'une truie de 2 ans, donc en âge d'être fécondée, peut avoir une première portée de six cochons, Vauban démontre que, au terme de dix générations, compte tenu des maladies, des accidents divers et de « la part du loup » pour 1/15e, le total serait de 6 434 338 cochons vivants dont 3 217 437 femelles ! Et Vauban de conclure que sur douze générations de cochons il pourrait donc y en avoir « autant que l'Europe peut en nourrir, et si on continuait seulement à la pousser jusqu'à la seizième, il est certain qu'il y aurait de quoi en peupler toute la terre abondamment »… ainsi il n'y aurait plus un seul paysan « qui ne puisse élever un cochon de son cru par an » et nourrir sa famille.

Source Thierry SABOT

Les fortifications

Maison Vauban

Contributions du Service historique de la Défense au 300e anniversaire de la mort de Vauban


Au service de Louis XIV de 1653 à sa mort en 1707, Vauban, ingénieur et architecte militaires, reste dans la mémoire collective française comme l’une des figures marquantes de l’Ancien Régime.

Les sources de première main

L’œuvre du grand ingénieur est restée inscrite dans les paysages maritimes et montagneux,au bord des fleuves ou dans les plaines. Mais, surtout, les archives de cette œuvre existent toujours, conservées au Service historique de la Défense au château de Vincennes. On y trouve, dans des centaines de cartons, les mémoires, les plans, les coupes, les élévations, les instructions, les lettres de Vauban et des ingénieurs. Ces documents de travail sont complétés par des atlas précieux, documents de prestige présentés au roi, et par la correspondance générale des ministres de la Guerre, également conservée à Vincennes, qui réunit des milliers de lettres expédiées par Louvois et ses successeurs à Vauban et à ses ingénieurs.

 

Il y a 10 ans on célébrait le 300ème anniversaire de la mort de Vauban
Il y a 10 ans on célébrait le 300ème anniversaire de la mort de Vauban

Une publication de prestige : Vauban, l’intelligence du territoire

Conscient de la valeur inestimable de ces fonds, le ministère de la Défense a décidé de célébrer l’année Vauban par la réalisation d’un livre, Vauban, l’intelligence du territoire préparé par Martin BARROS, Nicole SALAT et Thierry SARMANT, préface de Jean NOUVEL. S’appuyant sur les sources d’archives, les auteurs ont voulu donner une image renouvelée du grand ingénieur en le sortant de l’image du génie solitaire traditionnellement véhiculée par la postérité et en le présentant au travail, avec ses chefs et ses collaborateurs, levant les plans, rédigeant instructions et mémoires. Cette démarche a permis de montrer en quoi Vauban est novateur, quel a été son apport dans la guerre de siège et ses innovations dans la fortification et aussi dans le domaine des idées politiques et économiques. Illustré de documents d’archives souvent inédits, ce livre témoigne de la richesse des sources iconographiques de l’œuvre de Vauban conservées à Vincennes.

Vauban, l’intelligence du territoire par Martin Barros, Nicole Salat et Thierry Sarmant, préface de Jean Nouvel. 175 pages, Nicolas Chaudun et Service historique de la Défense, octobre 2006.

Un deuxième projet de publication : Politique, guerre et fortification au grand siècle, lettres de Louvois à Louis XIV

Le livre mentionné précédemment va être complété par la publication d’un ouvrage plus savant, dirigé vers un public de chercheurs modernistes plutôt qu’au grand public, Politique, guerre et fortification au grand siècle, lettres de Louvois à Louis XIV, préparé sous les soins de Nicole SALAT et de Thierry SARMANT. Il s’agit de la publication intégrale des lettres et mémoires adressés au roi par Louvois entre 1679 et 1691. Cette édition critique donne un éclairage nouveau sur les méthodes de travail de l’équipe gouvernementale et complète le portrait du « roi de guerre » par celui d’un roi ingénieur et architecte.

Politique, guerre et fortification au grand siècle, lettres de Louvois à Louis XIV par Nicole Salat et Thierry Sarmant, Société de l’Histoire de France et Service historique de la Défense, 300 pages.

source Nicole SALAT (Service historique de la Défense)

N. B. Le lecteur est invité à consulter également le site Internet du Service historique de la Défense sur lequel il y a une présentation du livre Vauban, "l’intelligence du territoire".

De l’Aunis au Québec : l’influence de Vauban et des ingénieurs du roi dans l’architecture urbaine de la Nouvelle-France

Dans le cadre d’une étude comparative de ces deux espaces qui ont toujours noué des liens dans de nombreux domaines, il serait intéressant de mettre en évidence les similitudes sur le plan urbanistique et militaire, tout en faisant transparaître l’influence des ingénieurs du Roi de part et d’autre de l’Atlantique.
La transposition dans les colonies françaises d’Amérique du Nord des modèles français d’urbanisme s’est traduite par des formes d’expressions diverses.

Il y a 10 ans on célébrait le 300ème anniversaire de la mort de Vauban

Fortifications de la Charente-Maritime "Bastions de la mer" (Nicolas FAUCHERRE)


La découverte d’un nouveau territoire devrait être l’occasion de créer des villes nouvelles à partir de l’application des grands principes architecturaux français et européens. Cependant, la réalité est toute différente, puisque dans un contexte où seul le commerce et l’évangélisation priment, on va se diriger vers l’aménagement de comptoirs ou de missions religieuses dans la vallée du Saint-Laurent au 17ème siècle.

Dans un premier temps, l’implantation urbaine de ces petites agglomérations demeure donc l’action de quelques individus parmi lesquels on dénombre quelques officiers, mais il n’y a encore aucune entreprise métropolitaine d’envergure.
Il faut attendre le 18ème siècle et l’influence de Colbert, de Vauban et d’autres ingénieurs du roi tels Gaspard-Joseph Chaussegros de Lery ou Jacques Levasseur de Neré et Verville pour voir l’apparition de véritables places fortes comme Québec, Louisbourg, Trois-Rivières et Montréal qui témoignaient ainsi de la puissance royale. D’ailleurs, les autorités privilégient les aménagements aux créations ex-nihilo.

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Fort Chambly (Inventaire des lieux de mémoire)

Enfin, même des postes ou des bourgs de seconde importance tels Chambly, vont faire l’objet de préoccupations urbaines, dans le cadre d’une planification ou de la construction de nouvelles fortifications. Toutes ces villes sont inspirées du travail de Vauban en métropole qui avait réalisé une véritable ceinture de citadelles à la fin du 17ème et notamment dans notre région Poitou-Charentes.

Il y a 10 ans on célébrait le 300ème anniversaire de la mort de Vauban

Porte de la citadelle de Saint-Martin de Ré (Inventaire des lieux de mémoire)

 

En effet le littoral charentais fin 17ème et début 18ème va aussi bénéficier de nouveaux aménagements urbains (création de Rochefort en 1666 pour remplacer Brouage) et se fortifier avec des ouvrages tels ceux de Saint-Martin-de-Ré (enceinte et citadelle) construits par Ferry sur plans de Vauban ou bien Fort Lupin dans l’estuaire de la Charente. Ces défenses seront complétées à l’initiative de Vauban ou de Ferry par plusieurs ouvrages à la fin du 17ème siècle : enceinte de La Rochelle, Château d’Oléron….
Finalement, ces ingénieurs ont développé des villes et des fortifications que l’on retrouve aussi bien dans notre région qu’en Nouvelle-France.

Par conséquent, il serait judicieux d’aborder avec nos élèves l’architecture urbaine et militaire de cette époque tout en mettant l’accent sur les points communs à partir d’exemple précis et représentatifs de ce patrimoine.
Cela peut-être également l’occasion de témoigner du rôle déterminant de Vauban, le célèbre architecte du roi Louis XIV, l’homme aux 300 fortifications dont l’œuvre a été choisie par la France pour postuler à une inscription au patrimoine mondial de L’UNESCO en juillet 2007, année du 300ème anniversaire de sa mort.

 

• Bibliographie

 Fauchère N et D’Orgeix E,"Les architectures du pouvoir" dans L Vidal et D’Orgeix E, dir, Les villes françaises du Nouveau Monde.

Des premiers fondateurs aux ingénieurs du roi (XVI°-XVIII siècle), Paris,Somogy éditions d’art,1999.

 Guay, Martin : 1998 Les fortifications de Québec.

 Havard Gilles, Vidal Cécile, Histoire de L’Amérique française chapitre VII, Les villes de L’Amérique française, (éditeur : Flamarion,2003)

Inventaire des bâtiments historiques du canada : 1993 Catalogue, bâtiments, jardins, canaux, structures de génie, vaisseaux et forts militaires ayant des recommandations positives de la CLMHC de 1919 à 1992, Vol. 2

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